Retomada da Terra
Loin de l’Amazonie, loin des regards. Au Brésil, les « Retomada da Terra » sont un mouvement d’occupation de terres agricoles mené par les autochtones Guarani afin de récupérer les territoires ancestraux qui ont été confisqués au cours de l’histoire. Ce conflit qui oppose les Guarani aux mafias de l’agro-industrie fait des dizaines de victimes chaque année, en toute impunité. Les fermiers sont souvent soutenus par les forces de police régionale, les guarani quant à eux dénoncent un lent génocide en cours. En 2023, Alice Wairimu Nderitu, conseillère spéciale des Nations unies pour la prévention du génocide, s’est rendue dans l’État du Mato Grosso do Sul pour rencontrer les Guarani. Parmi ses déclarations, elle a mis l’accent sur les violences et les conséquences physiques et mentales qui en résultent. Ces mouvements de lutte coordonnés ont permis à de nombreux Guarani de récupérer, souvent au prix de leur vie, une partie de leur territoire ancestral sacré, qui correspond à ce qui était autrefois la forêt atlantique. Ces terres sont situées dans les États du Paraná et du Mato Grosso do Sul, une région où les monocultures de soja et de maïs ont remplacé les forêts de leurs ancêtres, et où il ne reste aujourd’hui que 7,3 % de la forêt atlantique originelle. La lutte des Guarani n’est pas seulement une lutte pour leur propre survie et celle de leurs traditions, mais aussi une lutte environnementale, pour la reforestation et contre l’utilisation abusive de pesticides chimiques. Dans une région où, à perte de vue, les monocultures ont depuis longtemps remplacé les vastes forêts que connaissaient leurs ancêtres, ils deviennent les gardiens de la terre, parfois au prix de leur propre vie. Ce travail, toujours en cours, est réalisé avec l’anthropologue brésilienne Carol Mira.
Renaud Philippe
Renaud Philippe est un photographe documentaire indépendant basé à Québec, Canada. Depuis près de 20 ans, son travail se penche sur les conséquences au long terme, pour les populations civiles, des conflits armés et dérèglements climatiques. Renaud pose un regard anthropologique et humaniste sur les notions de l’exil forcé, du trauma collectif, dans un contexte géopolitique actuel mais aussi historique. Le déséquilibre des richesses, la souffrance humaine, l’injustice sont les moteurs qui l’ont toujours poussé à s’engager dans cette voie, celle d’une photographie humaniste et militante où la rencontre avec l’Autre et le lien créé sont au cœur de la démarche. Son travail a été exposé entre autres au Musée National des Beaux-Arts de Québec, au Bangkok Art and Culture Center en Thaïlande, dans la galerie du Guardian à Londres. Renaud collabore sur une base régulière avec le New York Times, le Globe and Mail et Bloomberg. Depuis janvier 2022 il se dédie à documenter le mouvement de réappropriation des terres ancestrales des autochtones Guarani au Brésil.
Exposition présentée gratuitement dans le Bâtiment 1912 de La Pulperie.
Exposition présentée dans le cadre du Zoom Photo Festival Saguenay.
Pour plus de renseignements sur le Zoom Photo Festival Saguenay, consultez le zoomphotofestival.ca